Beaux arts
Aperçu historique de la peinture islandaise
Jusqu'au XVIIe siècle l'Islande a pris une part active à l'élaboration des traditions artistiques européennes. Au IXe siècle les premiers colons venus de Norvège étaient arrivés avec les conventions stylistiques de leur Norvège natale - teintées peut-être d'un apport celte acquis en route vers l'Islande - et une technique accomplie pour les métiers d'artisanat. De 874 à 1264 - c'est-à-dire à partir de la découverte de l'Islande jusqu'à l'union avec la Norvège, les Islandais gardèrent le contact avec les arts en Angleterre, en France et en Allemagne, grâce au commerce et aux voyages.
La domination norvégienne et danoise mit quelques obstacles aux relations culturelles de l'Islande avec le reste du monde. La réforme porta un coup aux ambitions artistiques islandaises, et aux XVIIe et XVIIIe siècles les traditions artistiques des siècles précédents faillirent presque disparaître, en raison aussi d'une forte dépopulation, causée, entre autres, par les épidémies et catastrophes naturelles.
C'est au cours de la première moitié du XIXe siècle que l'Islande connut une nouvelle conscience nationale à travers ses jeunes poètes et intellectuels. Chantres du paysage islandais, ces idéalistes, dont la plupart vivaient à Copenhague, identifièrent la nation avec la nature. C'est l'un des pionniers de la peinture islandaise, Jóhannes Kjarval, qui a peut-être le mieux su exprimer à travers son oeuvre abondant la complexité de l'âme et l'essence de la nature islandaises.
Ouverture et modernité
De nombreux jeunes artistes, sous l'impulsion donnée et profitant d'un régime danois plus libéral apprirent à prendre leur destin en main. C'est Þórarinn B. Þorláksson (1867-1924) qui se dispute le titre de premier peintre professionnel islandais avec Asgrímur Jónsson. La peinture islandaise jusque dans les années 1930 fut marquée par le naturalisme et ensuite par un expressionnisme tempéré, alors que les sculpteurs tendent vers le symbolisme. Peu à peu les jeunes peintres se détachèrent de la représentation des paysages pour s'intéresser aux "nouvelles réalités", au monde de la pêche et de ses travailleurs (Gunnlaugur Scheving, Jón Þorleifsson, Jón Engilberts, Jón Stefánsson...).
Le grand bouleversement se produit dans les années 1940 avec des peintres comme Svavar Guðnason et Þorvaldur Skúlason, adeptes d'un art abstrait qui eut une grande influence par la suite et trouvera son prolongement dans l'oeuvre de Kristján Davíðsson et Karl Kvaran. L'Islande connaît d'ailleurs dans les années d'après-guerre une période de grande prospérité. Pour la première fois des peintres et écrivains se constituent en groupes et mouvements. Ils commencent aussi à voyager sur le continent et aux États-Unis.
Les années 1960 comptèrent pour beaucoup dans le développement de l'art contemporain islandais. Erro, Gunnar Örn Gunnarsson, Einar Hakonarson, Jon Gunnar Arnason, Magnus Palsson et Hreinn Fridfinnsson constituent l'avant-garde islandaise dans des styles très différents. Le groupe SUM, sous l'influence de Dieter Roth, exerce un grand ascendant sur la jeune génération et représente une véritable ouverture vers d'autres mouvements stylistiques à l'étranger (pop art, art cinétique etc.).
L'art conceptuel est au centre des préoccupations artistiques dans les années 1970 suivi par le Land Art, les Happenings, performances et art minimaliste (Rúri, Ólafur Lárusson, Niels Hafstein, groupe SUM), alors que dans les années 1980 la "nouvelle peinture" réaffirme ses droits avec Helgi Þorgils Friðjónsson, Kjartan Ólason, Valgarður Gunnarsson, Jón Axel Björnsson, Kristinn Harðarson, Daði Guðbjörnsson et Tumi Magnússon.
Les femmes ne sont d'ailleurs pas en reste (Nína Tryggvadóttir, Louisa Matthíasdóttir...) notamment dans les arts textiles et la sculpture (Brynhildur Thorgeirsdottir, Steinunn Þórarinsdóttir ...), tout comme les artisans (orfèvrerie, vitrail, poterie etc.). Les sculpteurs islandais les plus connus sont Sigurjón Ólafsson, Einar Jónsson et Ásmundur Sveinsson.
Aujourd'hui nombre d'artistes islandais ont une renommée internationale et nous nous bornerons à citer Sigurður Árni Sigurðsson et Ólafur Elíasson qui ont chacun fait l'objet d'une exposition en 2002 à Paris.
Pour se tenir à jour la revue d'information et d'étude sur l'art nordique ARTnord est précieuse. ARTnord est une revue d’information et d’étude publiée par le Comité des historiens de l’art nordique (CHAN). Son but est de promouvoir l’histoire de l’art des Pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Suède) et baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), afin de combler une place demeurée longtemps vacante sur le plan pédagogique, comme sur le plan des publications scientifiques françaises consacrées à l’histoire de l’art.